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Romane.
Natasha:  Oh non! mon oncle; il ne m'a rien dit: mais je le sais et j'en suis sure, parce que je l'ai vu a son air
triste, pensif, souffrant. Il y a longtemps qu'il souffre! Voyez comme il est pale, comme il est maigre! Pauvre
homme, il me fait peine.
Le general:  C'est parce qu'il a eu le mal de mer en venant d'Angleterre, mon enfant. Et puis, vois-tu, il a
quitte sa famille, ses amis; il faut bien lui donner le temps de s'accoutumer a nous tous.
Natasha:  Alors, mon oncle, je ferai tout ce que je pourrai pour qu'il soit heureux chez nous. Vous verrez
comme je serai aimable pour lui. Pauvre homme! Tout seul, c'est bien triste!
 Bon petit coeur! dit le general en souriant.
On causa quelque temps encore. Natasha appela Derigny pour accompagner son oncle, et chacun se retira.
Quand le general fut seul avec Derigny, il lui raconta que, quelques annees auparavant, dans une campagne en
Circassie, il avait eu pour aide de camp un jeune Polonais, le prince Pajarski, un des plus grands noms de la
Pologne, et possedant une immense fortune; il s'y etait beaucoup attache; il lui avait rendu et en avait recu de
grands services.
 Je l'aimais comme mon fils, et il avait pour moi une affection toute filiale.
Romane etait retourne en conge en Pologne, et le general n'en avait pas entendu parler depuis. On lui avait
seulement appris qu'il avait disparu un beau jour sans qu'on ait pu savoir ce qu'il etait devenu.
 Il m'a dit avant diner qu'on l'avait accuse de complots contre la Russie pour retablir le royaume de Pologne;
qu'il avait ete enleve, mene en Siberie, et qu'apres y avoir souffert horriblement il etait parvenu a s'echapper,
et qu'apres mille dangers il avait eu le bonheur d'etre trouve par vos enfants, mon brave Derigny.
Derigny:  Mon general, avant de vous demander ce que vous ferez du prince Pajarski, qui ne peut pas rester
eternellement gouverneur de vos petits-neveux, quelque charmante et aimable que soit toute cette famille, je
crois devoir vous faire part d'une decouverte qu'a faite mon petit Jacques, et dont il a compris l'importance.
Derigny raconta au general ce qui s'etait passe entre lui et Mme Papofski, et les menaces que Jacques lui avait
entendu proferer.
Le general devint pourpre; ses yeux prirent l'aspect flamboyant qui leur etait particulier dans ses grandes
coleres. Il fut quelque temps sans parler et dans une grande agitation.
 La miserable! s'ecria-t-il enfin. La scelerate!... C'est qu'elle pourrait reussir! Une denonciation est toujours
bien accueillie dans ce pays, surtout quand il y a de la Pologne et du catholique sous jeu. Et nous voila avec
notre pauvre Romane! Si elle decouvre quelque chose, nous sommes tous perdus! Que faire? Derigny, mon
ami, venez-moi en aide. Que feriez-vous pour sauver mes pauvres enfants Dabrovine, et vous et les votres,
des serres de ce vautour?
XI. LE GOUVERNEUR TROUVE 47
Le General Dourakine
Derigny:  Contre des maux pareils, mon general, je ne connais qu'un moyen, la fuite.
Le general:  Et comment fuir, six personnes ensemble? Et comment vivre, sans argent, en pays etranger?
Derigny:  Pourquoi, mon general, ne prepareriez-vous pas les voies en vendant quelque chose de votre
immense fortune?
Le general:  Tiens, c'est une idee!... Bonne idee, ma foi!... Je puis vendre ma maison de Petersbourg, celle de
Moscou, puis mes terres en Crimee, celles de Kief, celles d'Orel; il y en a pour six a sept millions au moins...
Je vais ecrire des demain. J'enverrai tout cela a Londres, et pas en France, pour ne pas donner de soupcons...
Mais Gromiline! elle l'aura, la scelerate!, Diable! comment faire pour empecher cela!... Et puis, comment
partir tous sans qu'elle le sache?
Derigny:  Il faut qu'elle le sache, mon general.
Le general:  Vous etes fou, mon cher. Si elle le sait, elle nous fera tous coffrer.
Derigny:  Non, mon general; il faut au contraire l'interesser a notre depart a tous. Vous parlerez d'aller dans
un climat plus doux et aux eaux d'Allemagne pour la sante de Mme Dabrovine, qui devra etre dans le secret,
et vous demanderiez a Mme Papofski de regir et de surveiller vos affaires a Gromiline pendant votre absence
de quelques mois.
Le general:  Mais elle aurait Gromiline, et c'est ce que je ne veux pas!
Derigny:  Elle n'aurait rien du tout, mon general, parce que vous n'executerez ce projet que lorsque vous aurez
vendu Gromiline et que vous serez convenu du jour de la prise de possession du nouveau proprietaire, qui
arrivera quelques jours apres votre depart.
 Bien, tres bien, s'ecria le general en se frottant les mains les yeux brillants de joie. Bonne vengeance! J'irai
mourir en France, comme j'en avais le desir; je vous ramene chez vous, mon cher ami; j'assure la fortune de
ma fille, et je vous laisse tous heureux et contents.
Derigny, riant:  Et le pauvre prince que vous oubliez, mon general?
Le general:  Comment, je l'oublie? puisque je le marie! Mais pas encore; dans un an ou deux... Vous ne
comprenez pas, mais je m'entends.
Derigny ne put retenir un sourire; le general rit aussi de bon coeur; il recommanda a Derigny de venir
l'eveiller de bonne heure le lendemain; il voulait avoir le temps d'ecrire toutes ses lettres pour la vente de ses
terres et maisons.
XII. RUSE DU GENERAL
Les jours suivants se passerent sans evenements remarquables. Mme Dabrovine temoignait une grande estime [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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