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aperçu un seul échantillon dans l île !
William W. Kolderup, déconcerté à son tour, ne comprit
rien à tout cela. L île Spencer  cela était connu depuis
longtemps  n était hantée par aucun fauve, et ne devait pas
renfermer un seul animal nuisible, aux termes mêmes de l acte
de vente.
Il ne comprit pas davantage ce que Godfrey lui raconta de
toutes les tentatives qu il avait faites, à propos d une fumée qui
s était montrée plusieurs fois en divers points de l île. Aussi se
montra-t-il très intrigué devant des révélations qui lui
donnaient à penser que tout ne s était pas passé d après ses
instructions, selon le programme que seul il avait été en droit de
faire.
Quant à Tartelett, ce n était pas un homme auquel on pût en
conter. À part lui, il ne voulut rien admettre, ni du faux
naufrage, ni des faux sauvages, ni des faux animaux, et, surtout,
il ne voulut pas renoncer à la gloire qu il avait acquise, en
abattant de son premier coup de fusil le chef d une tribu
polynésienne  un des serviteurs de l hôtel Kolderup, qui,
d ailleurs, se portait aussi bien que lui !
Tout était dit, tout était expliqué, sauf la grave question des
véritables fauves et de la fumée inconnue. Cela faillit même
rendre l oncle Will très rêveur. Mais, en homme pratique, il
ajourna, par un effort de volonté, la solution de ces problèmes,
et s adressant à son neveu :
 Godfrey, dit-il, tu as toujours tant aimé les îles, que je suis
sûr de t être agréable et de combler tes vSux en t annonçant que
celle-ci est à toi, à toi seul ! Je t en fais cadeau ! Tu peux t en
donner, de ton île, tant que tu voudras ! Je ne songe pas à te la
faire quitter de force et n entends point t en détacher ! Sois donc
un Robinson toute ta vie, si le cSur t en dit&
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 Moi ! répondit Godfrey, moi ! toute ma vie !
Phina, s avançant à son tour :
 Godfrey, demanda-t-elle, veux-tu en effet rester sur ton
île ?
 Plutôt mourir ! s écria-t-il, en se redressant dans un élan
dont la franchise n était pas douteuse.
Mais se ravisant aussitôt :
 Eh bien, oui, reprit-il en s emparant de la main de la jeune
fille, oui, j y veux rester, mais à trois conditions : la première,
c est que tu y resteras avec moi, chère Phina ; la deuxième, c est
que l oncle Will s engagera à y demeurer avec nous, et la
troisième, c est que l aumônier du Dream viendra nous y marier
aujourd hui même !
 Il n y a pas d aumônier sur le Dream, Godfrey ! répondit
l oncle Will, tu le sais bien, mais je pense qu il y en a encore à
San Francisco, et que là nous trouverons plus d un digne
pasteur qui consente à nous rendre ce petit service ! Je crois
donc répondre à ta pensée en te disant que, dès demain, nous
reprendrons la mer !
Alors Phina et l oncle Will voulurent que Godfrey leur fit les
honneurs de son île. Le voilà donc les promenant sous le groupe
des séquoias, le long du rio, jusqu au petit pont.
Hélas ! de la demeure de Will-Tree, il ne restait plus rien !
L incendie avait tout dévoré de cette habitation aménagée à la
base de l arbre ! Sans l arrivée de William W. Kolderup, aux
approches de l hiver, leur petit matériel détruit, de véritables
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bêtes féroces courant l île, nos Robinsons eussent été bien à
plaindre !
 Oncle Will, dit alors Godfrey, si j avais donné à cette île le
nom de Phina, laissez-moi ajouter que l arbre dans lequel nous
demeurions s appelait Will-Tree !
 Eh bien, répondit l oncle, nous en emporterons de la
graine pour en semer dans mon jardin de Frisco ! »
Pendant cette promenade, on aperçut au loin quelques
fauves, mais ils n osèrent pas s attaquer à la troupe nombreuse
et bien armée des matelots du Dream. Toutefois, leur présence
n en était pas moins un fait absolument incompréhensible.
Puis, on revint à bord, non sans que Tartelett eût demandé
la permission d emporter « son crocodile » comme pièce à
l appui  permission qui lui fut accordée.
Le soir, tout le monde étant réuni dans le carré du Dream,
on fêtait par un joyeux repas la fin des épreuves de Godfrey
Morgan et ses fiançailles avec Phina Hollaney.
Le lendemain, 20 janvier, le Dream appareillait sous le
commandement du capitaine Turcotte. À huit heures du matin,
Godfrey, non sans quelque émotion, voyait à l horizon de
l Ouest s effacer, comme une ombre, cette île sur laquelle il
venait de faire cinq mois d une école dont il ne devait jamais
oublier les leçons.
La traversée se fit rapidement, par une mer magnifique,
avec un vent favorable qui permit d établir les goélettes du
Dream. Ah ! il allait droit à son but, cette fois ! Il ne cherchait
plus à tromper personne ! Il ne faisait pas des détours sans
nombre, comme au premier voyage ! Il ne reperdait pas pendant
la nuit ce qu il avait gagné pendant le jour !
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Aussi, le 23 janvier, à midi, après être entré par la Porte
d or, dans la vaste baie de San Francisco, venait-il
tranquillement se ranger au warf de Marchant-Street.
Et que vit-on alors ?
On vit sortir du fond de la cale un homme qui, après avoir
atteint le Dream à la nage, pendant la nuit de son mouillage à
l île Phina, avait réussi à s y cacher une seconde fois !
Et quel était cet homme ?
C était le Chinois Seng-Vou, qui venait de faire le voyage du
retour comme il avait fait celui de l aller !
Seng-Vou s avança vers William W. Kolderup.
 Que monsieur Kolderup me pardonne, dit-il très
poliment. Lorsque j avais pris passage à bord du Dream, je
croyais qu il allait directement à Shangaï, où je voulais me
rapatrier ; mais, du moment qu il revient à San Francisco, je
débarque !
Tous, stupéfaits devant cette apparition, ne savaient que
répondre à l intrus qui les regardait en souriant.
 Mais, dit enfin William W. Kolderup, tu n es pas resté
depuis six mois à fond de cale, je suppose ?
 Non ! répondit Seng-Vou.
 Où étais-tu donc caché ?
 Dans l île !
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 Toi ? s écria Godfrey.
 Moi !
 Alors ces fumées ?&
 Il fallait bien faire du feu !
 Et tu ne cherchais pas à te rapprocher de nous, à partager
la vie commune ?
 Un Chinois aime à vivre seul, répondit tranquillement
Seng-Vou. Il se suffit à lui-même et n a besoin de personne !
Et là-dessus, l original, saluant William W. Kolderup,
débarqua et disparut.
 Voilà de quel bois sont faits les vrais Robinsons ! s écria
l oncle Will. Regarde celui-là, et vois si tu lui ressembles ! C est
égal, la race anglo-saxonne aura du mal à absorber des gens de
cet acabit !
 Bon ! dit alors Godfrey, les fumées sont expliquées par la
présence de Seng-Vou, mais les fauves ?&
 Et mon crocodile ! ajouta Tartelett. J entends que l on
m explique mon crocodile !
L oncle William W. Kolderup, très embarrassé, se sentant à
son tour et pour sa part mystifié sur ce point, passa sa main sur
son front comme pour en chasser un nuage.
 Nous saurons cela plus tard, dit-il. Tout finit par se [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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