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on en connaît, ce n’est pas des quantités dont le statut est simple. Je sais que ce n’est pas
des qualités, ça je le sais. La puissance ce n’est pas une qualité, mais ce n’est pas non plus
des quantités dites extensives. Alors, même si c’est des quantités intensives, c’est une échelle
quantitative très spéciale, une échelle intensive. Ça voudrait dire : les choses ont plus ou moins
d’intensité ; ce serait ça l’intensité de la chose qui serait, qui remplacerait son essence, qui
définirait la chose en elle-même, ce serait son intensité.
Vous comprenez peut-être le lien avec l’ontologie. Plus une chose est intense, plus précisément
c’est ça son rapport à l’être : l’intensité de la chose c’est son rapport avec l’être. Est-ce qu’on
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peut dire tout ça ? Ça va nous occuper longtemps. Avant d’en être là, vous voyez quel contre-
sens on est en train d’éviter.
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Quelqu'un pose une question sur l'intensité et la chose (inaudible).
La question ce n’est pas ce qu’on croit, la question c’est comment on essaie de se débrouiller
dans ce monde de puissances. Quand j’ai dit intensité, si ce n’est pas ça, ça fait rien puisque
c’était déjà déterminé, ce type de quantités. Ce n’est pas ça. On en est encore à évaluer en quoi
ce peut être important de tenir un discours sur la puissance, une fois dit que les contresens,
que de toutes manières on est en train d’éviter, c’est comprendre ça comme si Spinoza nous
disait, et Nietzsche après, ce que les choses veulent c’est la puissance. Évidemment s’il y a
quelque chose que la formule « la puissance est l’essence même » ne veut pas dire, on pour-
rait traduire ça par « ce que chacun veut c’est le pouvoir ». On voit ce que Spinoza nous dit, ou
Nietzsche après, ce que les choses veulent, c’est la puissance. Non, « ce que chacun veut c’est
le pouvoir », c’est une formule qui n’a rien à voir. Premièrement, c’est une banalité, deuxième-
ment, c’est une chose évidemment fausse, troisièmement, ce n’est sûrement pas ce que veut
dire Spinoza. Ce n’est pas ce que veut dire Spinoza parce que c’est bête et que Spinoza ne
peut pas dire des choses idiotes. Ce n’est pas : ha, tout le monde, des pierres aux hommes, en
passant par les animaux, ils veulent de plus en plus de puissance, ils veulent du pouvoir. Non ce
n’est pas ça ! On le sait que ce n’est pas ça puisque ça ne veut pas dire que la puissance soit
l’objet de la volonté. Non. Donc on sait ça au moins, c’est consolant.
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Mais je voudrais insister, encore une fois je fais appel à votre sentiment d’évaluation des im-
portances, dans ce que les philosophes ont à nous dire. Je voudrais essayer de développer
pourquoi c’est très très important cette histoire, cette conversion où les choses ne sont plus
définies par une essence qualitative, l’homme animal raisonnable, mais sont définies par une
puissance quantifiable.
Je suis loin encore de savoir qu’est-ce que c’est cette puissance quantifiable, mais j’essaie
justement d’y arriver en passant par cette espèce de rêverie sur en quoi c’est important,
pratiquement. Pratiquement, ça change quelque chose ? Oui, vous devez déjà sentir que pra-
tiquement, ça change beaucoup de choses. Si je m’intéresse à ce que peut quelque chose,
à ce que peut la chose, c’est très différent de ceux qui s’intéressent à ce qu’est l’essence
de la chose. Je ne regarde pas, ce n’est pas vraiment la même manière d’être dans le monde.
Mais je voudrais essayer de montrer ça par, précisément, un moment précis dans l’histoire
de la pensée.
Le droit naturel classique
Là j’ouvre une parenthèse, mais toujours dans cette vision : qu’est-ce que c’est que cette
histoire de puissance et de définir les choses par la puissance ? Je dis : il y a eu un moment
très important, une tradition très importante, où il est très difficile, historiquement, de se re-
pérer, si vous n’avez pas des schémas et des repères, des points de reconnaissance. C’est
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